La manufacture Danton
Au début du XXe siècle, la manufacture Danton a remplacé l’ancienne filature Croc-Richen au bord de la Creuse, à l’entrée de la rue des Tanneurs. Très active avant la guerre de 1914-1918, elle emploie alors une centaine d’ouvriers de basse-lisse confectionnant des tapisseries ou du mobilier. L’usine dispose de sa propre teinturerie au bord de la rivière, de magasins de stockage des laines et d’ateliers situés dans les étages.
Elle est dirigée à cette époque par Frédéric Danton, apparenté à la famille Jorrand. Personnage atypique, il fut à la fois manufacturier, homme politique, agriculteur ou encore mécène. Outre la direction de la fabrique de tapisseries d’Aubusson et d’ateliers à Bellegarde, il dirigea pendant quelques temps une fabrique de céramique qui, située dans le quartier du Got Barbat, donna quelques pièces remarquables. Conseiller général d’Aubusson dès 1910, vice-président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, il ne put cependant jamais prétendre à une carrière politique nationale échouant par trois fois, entre 1912 et 1919, lors des élections législatives. Il resta donc très investi dans la vie locale, comme membre du conseil des Prud’hommes ou du comice agricole du canton d’Aubusson étant propriétaire d’une grande exploitation sur la commune de Saint-Alpinien d’où était originaire sa famille ou comme fondateur de la société d’horticulture de l’Arrondissement. Touche-à-tout, il fut également le mécène de l’aviateur champagnatois François Denhaut dont il finança les essais du 3e prototype, appareil dénommé "le Danton".
Malheureusement, les difficultés des années 1920 l’obligèrent à fusionner avec les établissements Croc-Jorrand pour former une seule entité dont la raison sociale était "Aux Fabriques d’Aubusson". Cette société, dont le siège social était installé à Paris, au 13 rue Lafayette, avait un capital de 4 à 5 millions de francs et employait encore quelques 235 ouvriers. Mais la crise économique eut raison de l’entreprise qui fit faillite en 1932. Frédéric Danton ne le vit pas puisqu’il mourrut le 03 juin 1929 à son domicile parisien situé au 23 Rue Richelieu.
L’usine fut ensuite démolie pour laisser place à la Poste actuelle à partir de 1956.
D'après un texte de Romain Bonnot, professeur d'histoire-géographie à Aubusson.