XVIIIe siècle : tapisseries fines pour l'international
Après la période difficile de la révocation de l'édit de Nantes à la fin du XVIIe siècle, le XVIIIe siècle et son nouveau souffle décoratif est une période de prospérité commerciale pour les manufactures.
La réforme de la Manufacture royale
À la suite de la révocation de l’Édit de Nantes la manufacture est très mal en point : mauvaise qualité des tissages et des teintures, faible niveau artistique des cartons.
Durant les années 1720, l’administration royale met en œuvre avec la profession, une profonde réforme de la manufacture royale qui aboutit à de nouveaux statuts en 1731. Ce qui permet d’engager un véritable essor technique, artistique et commercial de la manufacture qui rayonnera sur l’Europe entière.
Un peintre du roi est enfin nommé à Aubusson pour y apporter annuellement ses nouveaux cartons inspirés de l’actualité artistique parisienne : Jean-Joseph Dumons (1687-1779). La production de tapisserie s’appuie alors sur l’adaptation de grands modèles créés par Boucher, Watteau, Oudry ou Huet.
Rapidement la prospérité retrouvée amène les fabricants à se procurer leurs propres modèles, auprès d'artistes d'Aubusson comme Finet, Barraband ou Roby, qui réalisent bientôt eux-mêmes des cartons en grisaille – peinture ton sur ton, en camaïeu, utilisant plusieurs niveaux de gris, du blanc au noir, pour donner une illusion de relief. L’offre artistique se diversifie.
Le goût se transforme complètement par rapport au XVIIe siècle, les nouvelles compositions sont plus simples, créées avant tout dans un souci décoratif. Le siècle des Lumières préfère aux grandes scènes héroïques des sujets plus profanes : des paysages champêtres et riants, du pittoresque, des verdures et scènes orientales (les "chinoiseries"), des scènes colorées de jeux d'enfants ou de la vie paysanne... La mythologie est réadaptée dans un style galant, on cherche plus à plaire et à émouvoir.