Œuvres tissées

Glórund sets forth to seek Túrin

Glórund sets forth to seek Túrin (Glórund part à la recherche de Tùrin)
D’après une aquarelle originale de J. R. R. Tolkien pour The Silmarillion, Book II, Settings of Middle Earth, 1927, tapisserie de 3,25 m x 3,50 m, tissage Atelier Guillot, Aubusson, 2018.
Collection Cité internationale de la tapisserie. © The Tolkien Trust 1977.

Le 05 octobre 2018, deux tapisseries du projet « Aubusson tisse Tolkien » étaient dévoilées de concert dans l’amphithéâtre de la Cité internationale de la tapisserie, affichant complet pour l’événement. Tissée par l’Atelier Guillot d’après une aquarelle de J. R. R. Tolkien pour The Silmarillion,  Glórund sets forth to seek Túrin est la troisième des 14 tapisseries et tapis de la Tenture Tolkien à rejoindre les collections de la Cité internationale de la tapisserie.

Adam Tolkien, petit-fils de l’auteur britannique, était aux côtés de sa mère, Baillie Tolkien, lors de la tombée de métier, pour couper les fils de chaîne et libérer l’œuvre tissée. Découvrant pour la toute première fois les tapisseries adaptées de l’œuvre graphique de son grand-père, Adam Tolkien s'est dit « épaté par ce travail artisanal, ce doigté, ce savoir-faire », affaire de matière et de patience, mais aussi impressionné de voir les aquarelles originales rendues à cette échelle, qui « leur rend plus qu’hommage, […] les transfigure ». 

Retrouvez la tombée de métier en vidéo :

 

L'œuvre

L'aquarelle originale

Le Silmarillion est une œuvre publiée à titre posthume en 1977 par le fils de J.R.R. Tolkien, Christopher. Commencée dans les années 1910, l’auteur y travaillera jusqu’à sa mort en 1973. Le Silmarillion retrace la genèse et les Premiers Âges de la Terre du Milieu. Dans le Livre des Contes Perdus, Tolkien commence vers 1919 l’histoire de Tùrin – un homme du Premier Âge – et celle du dragon Glórund – plus tard Glaurung. Le dragon y est décrit comme un « grand ver » portant des écailles de bronze poli : son souffle est un mélange de feu et de fumée qui détruit les habitations des Elfes (les Rodothlim) situées dans les cavernes surplombant le fleuve. Volant leurs richesses, le dragon constitue un magot et fait de leurs maisons sa tanière. Glórund part à la recherche de Tùrin, bien qu’exécuté un peu plus tard, en 1927, illustre la scène que Tolkien a imaginé pour les Contes Perdus, avec une entrée unique semblable à une caverne. Avec Les Enfants de Hùrin (1920-1925), les cavernes de Rodothlim seront remplacées par la forteresse elfique de Nargothrond.

Le Silmarillion (Extrait - Quenta Silmarillion, chapitre 21 « Tùrin Turambar »)

« Trois jours de voyage les menèrent à Amon Ethir, le Mont des Espions, que Felagund avait fait édifier jadis à grand-peine, une lieue avant les portes de Nargothrond. Mablung fit garder Morwen et sa fille par un cercle de guerriers, leur interdit d’aller plus loin, et comme il ne voyait aucun ennemi du haut de la colline, il descendit vers le Narog avec ses éclaireurs, aussi prudemment qu’il le put. Glaurung avait pourtant senti leur présence, il sortit comme une flamme enragée et se jeta dans le fleuve d’où s’éleva un nuage de vapeur nauséabonde. Mablung et sa troupe, aveuglés, se perdirent, et Glaurung traversa le Narog. »

Un tissage formateur


© The Tolkien Trust / Cité internationale de la tapisserie

Après les ateliers A2, Françoise Vernaudon et Pinton, c’est l’Atelier Guillot qui était en charge du tissage de cette troisième tapisserie de la tenture Tolkien. Les trois mois nécessaires à sa confection ont été l’occasion pour Natalie Mouveroux, lissière tout juste diplômée du Brevet des métiers d’art "Art de la lisse" dispensé à la Cité, de bénéficier pour son premier tissage de l’expérience de Patrick et Marie Guillot.

Après les verts et les bleus profonds de Bilbo comes to the Huts of the Raft-elves et de Halls of Manwë – Taniquetil, c’est le jaune vif des écailles du dragon qui accroche le regard du spectateur. Les laines utilisées pour chacune des tapisseries du projet sont pourtant rigoureusement identiques, teintes selon les couleurs définies par le comité de tissage et qui sont communes à l'ensemble des pièces de la tenture. À partir de laines fournies par la Filature Terrade à Felletin, le teinturier aubussonnais Thierry Roger réalise chaque nuance, par petites touches de pigments rouges, bleus et jaunes. L'étape du tracé du carton permet ensuite à la cartonnière de définir précisément quelle valeur est à employer dans chaque zone. Ce carton, préparé en concertation avec les lissiers, est ensuite glissé sous les fils de chaîne préalablement montés sur le métier à tisser, et c'est au tour des lissiers de jouer leur partition.