La réhabilitation de l'ENAD d'Aubusson

Le chantier en réhabilitation de l’École Nationale d’Art Décoratif

Le chantier en réhabilitation de l’École Nationale d’Art Décoratif d’Aubusson a débuté en octobre 2014. Quelques 18 mois plus tard, il laisse place à la Cité internationale de la tapisserie. Retour sur le projet architectural de l’agence Terreneuve.

L’histoire commence un peu plus tôt, en 2012, lorsque la Cité internationale de la tapisserie organise un concours d’architecture et de muséographie pour la réhabilitation de l’ENAD, en vue de son installation dans ce bâtiment emblématique d’Aubusson. 79 équipes réunissant cette double compétence architecturale et muséographique participent au concours, parmi lesquels quatre finalistes sont sélectionnés pour produire une esquisse. Trois d’entre eux appuient leurs projets sur la construction d’une extension nouvelle pour y loger la vaste salle d'exposition attendue. Seule l’agence Terreneuve, dirigée par Nelly Breton et Olivier Fraisse, propose, à contre-courant du cahier des charges, de reprendre le bâtiment en sous-œuvre pour y créer cet espace d’exposition creusé à l’emplacement du préau de l’École et d’une partie de son administration. Cette proposition architecturale originale, complétée par le projet muséographique de Frédérique Paoletti et Catherine Rouland, est unanimement retenue par le jury.

S’appuyer sur les éléments existants

Le plan de réhabilitation se fonde sur la conservation d’un maximum d’éléments anciens, à la fois dans un esprit de rationalisation et dans une volonté de conserver l’identité de l’École. La structure d’origine en poteaux/poutres de 4 mètres de côté est conservée. Les cloisons abattues restent matérialisées au sol par une mosaïque de carreaux cassés semblables au carrelage originel, par ailleurs conservé en l’état. L’amphithéâtre de 190 places ou encore du centre de ressources, qui prendra place dans l’ancienne bibliothèque de l’ENAD, sont également conservés. Le mobilier, dont les pièces d’une collection de mobilier de designers (Eames, Jacobsen, ou encore Bertoïa) a vocation à être réutilisé.

Le tour de force du chantier : la création de la Nef des tentures

Espace-phare du nouveau parcours permanent d’exposition de la Cité internationale de la tapisserie, la Nef des Tentures est une invitation à voyager au travers de six siècles de productions en tapisserie d’Aubusson. Finie la présentation des tapisseries comme des peintures : cet espace proposera un parcours chronologique dans une scénographie évoquant, grâce à des décors inspirés du théâtre, l’époque d’origine des tapisseries pour une véritable immersion dans l’univers tissé d’Aubusson.

L’ENAD était bâtie sur un terrain en pente, avec une aile principale sur pilotis en partie haute. L’agence Terreneuve a donc imaginé d’agrandir le bâtiment dans l’emprise de ce volume, en creusant, afin de dégager la hauteur de 7 mètres voulue pour la Nef des Tentures. Cette opération a permis d’étendre le niveau bas tout en s’affranchissant de la structure porteuse.

 

Un jardin clos, imaginé par la paysagiste Armelle Claude, a été créé entre les deux niveaux afin de donner à la Nef un éclairage naturel. La réalisation a été techniquement complexe puisqu'il a fallu construire des poutres de reprise supportant les deux niveaux supérieurs pour s'affranchir de la trame des poteaux existants de 4x4 mètres et libérer une largeur de 12 mètres entre les nouveaux poteaux. Cette opération délicate est le fruit du travail du Bureau d'études techniques Khephren, elle a été réalisée par les équipes de l’agence Eiffage de Guéret. Elle a permis de libérer ce vaste espace d'environ 600 mètres carrés.