Création – Nicolas Buffe, artiste français né en 1978, vit et travaille au Japon (Tokyo). Tissage – Patrick Guillot, Aubusson Porcelaine – CRAFT Centre de Recherche des Arts du feu et de la terre, Limoges Tapisserie de basse lisse (corps), chaîne coton, trame en laine et soie – Porcelaine (tête et sabots)
« Assemblant, collant, mixant des figures tirées de la culture populaire et de la culture savante, je procède à des associations les plus éloquentes possibles suivant mon plaisir. Ce dialogue entre passé et présent qui est inscrit profondément au sein de mon travail relève de l’amusement ».
« Enfant, dans les années 1980, l’atmosphère culturelle dans laquelle j’ai baigné, était fortement influencée par l’imagerie japonaise des mangas et jeux vidéos d’une part et par l’empreinte laissée par les cartoons américains. En utilisant ces éléments, je fais référence à un vocabulaire qui a une portée très étendue, voire universelle ».
Au Bas Moyen Âge, la licorne est un symbole du Christ. L’animal est invincible pour les chasseurs, sauf à le piéger par la ruse en l’amadouant par l’intermédiaire d’une jeune fille vierge. Ici, comme dans la suite de tapisseries anciennes de La chasse à la Licorne conservée au Cloisters à New York, les chasseurs et leurs chiens traquent et tuent l’animal par une lance en plein cœur pour mieux en révéler son caractère immortel et pur.
Création – Mathieu Mercier, artiste français né en 1970, vit et travaille en France (Paris), Prix Marcel Duchamp en 2003. Tissage – Atelier Legoueix, lissiers Daniel Bayle et Agnès Cariguel, Aubusson Dimensions : 3, 20 m ht x 3,20 m l Tapisserie de basse lisse, chaîne coton, trame en laine, polyester métallisé Couleurs : 7 couleurs
Les œuvres de Mathieu Mercier utilisent des objets du quotidien, l’artiste change le regard sur leur réalité et les fait entrer dans le champ de l’art conceptuel et minimaliste. Il fait se confondre les genres et les certitudes, joue sur des détournements et des distorsions, des assemblages et associations. Son travail est aussi une manière de penser le temps et l’espace dans une approche métaphysique.
Il souhaitait sa tapisserie intéressante à dix mètres de distance, où l’on reconnaît une corde et constituant une autre proposition de très près lorsque qu’elle devient une représentation géométrique comme pourraient l’être une peinture ou une photographie pixellisée. Pour la réalisation, le tissage devait être le plus plat possible à l’inverse d’une corde en trompe-l’œil et en relief.
Création – Marc Bauer, artiste suisse né en 1975, vit et travaille en Allemagne (Berlin). Tissage – Atelier Patrick Guillot, Aubusson, 2013 Tapisserie de basse lisse, chaîne coton, trame en laine, coton, soie, lurex Dimensions : 3,60 m ht x 3m l Couleurs – environ 50 couleurs, teinture Thierry Roger, Aubusson (teinture chimique)
Marc Bauer est un dessinateur qui utilise le passé, l’histoire collective et individuelle pour inventer une réécriture subjective. « Je vois mes dessins comme une sorte d’archéologie qui tente, parfois avec humour, parfois avec désespoir, de faire remonter des émotions et des événements ». Marc Bauer utilise divers supports : papier, mur, tapisserie, film, aluminium, etc. Ses couleurs restent majoritairement celles du fusain et de l’encre noire.
Pour Melancholia I, l’artiste a redessiné la célèbre Mélancolie du peintre et graveur allemand Albrecht Dürer datée de 1514, surnommée en Allemagne « Bild der Bilder », « l’image des images ». L’œuvre s’inscrit dans une recherche articulée autour de la déstructuration du dessin. Jouant avec les échelles et les matières, l’artiste transpose le dessin originel à la tapisserie tout en le modifiant et le soumet aux impératifs de la technique utilisée. Pour lui apporter « une deuxième couche émotionnelle », la tapisserie se voulait elle-même déstructurée, avec des effets d’usure, véritable défi psychologique et technique pour un lissier.
Tissée par l'atelier Patrick Guillot à Aubusson, la tapisserie est tombée du métier le 22 novembre 2013. Retrouvez la galerie photo de l'événement ici.
Création – Cécile Le Talec, artiste française née en 1962, vit et travaille en France (dans le Cher et à Paris). Tissage – Atelier A2, Aubusson
Le son et l’espace sont les champs d’exploration de Cécile Le Talec. « Lorsque j’ai connu l’existence du langage sifflé, ça a été comme la découverte d’un trésor… la langue des oiseaux parlée par des hommes : entre musique et paroles. (…) Suite à mes rencontres avec les spécialistes linguistes et ethno-musicologues, j’ai commencé mes « expéditions » et « explorations des langues » à travers le monde (…). Mes collaborations et mes rencontres avec les siffleurs m’ont permis de réaliser et produire des projets artistiques qui se sont nourris de la langue sifflée et de son extraordinaire particularité ».
Projet architectural tissé et sonore, Panoramique polyphonique invite le visiteur à pénétrer l’espace tissé et sa lumière bleutée pour écouter une bande musicale mixant des chants d’oiseaux et le langage sifflé de l’Ile de la Gomera (le silbo), lui-même inscrit au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO. La tapisserie évoque un panorama de montagne et est l’illustration d’un spectrogramme de chants d’oiseaux.
Toute personne 2 – Tissage métissage, Vincent Bécheau & Marie-Laure Bourgeois
3e Prix – Appel à création contemporaine 2012
Création – Marie-Laure Bourgeois, artiste architecte designer française née en 1955, vit et travaille en France (St Géraud de Corps) et Vincent Bécheau, artiste architecte designer français né en 1955, vit et travaille en France. Tissage – Atelier Catherine Bernet, Felletin, 2016 Tapisserie de basse lisse, chaîne coton, trame en laine et soie, 6-7 fils de chaîne au cm Couleurs : teinture Filature Terrade, Felletin, (teinture chimique)
Marie-Laure Bourgeois et Vincent Bécheau conçoivent ensemble du mobilier intérieur et urbain ainsi que des sculptures. Toute personne 2 s’inscrit dans un ensemble de créations utilisant l’écriture et porteuses d’un militantisme en faveur de la paix.
Pour cette œuvre, les artistes ont mené une réflexion sur la guerre, la paix, la notion de frontière et la représentation du dialogue. La pièce met en exergue la double nature de la frontière, ligne de séparation déclarée par les États et zone d’échanges investie par les personnes. Les lettres sont des signifiants de l’universalité du langage, sans message écrit. Les alphabets du monde entier se croisent et se mêlent jusqu’à de loin laisser place à un graphisme dense formant paysage.
L’œuvre est constituée d’une tapisserie rectangulaire avec une découpe dressée en porte. Au dos, les fils de trame de l'envers du tissage ont été laissés longs et noués de façon régulière.
Toute personne 2 fait se rejoindre en une seule pièce monumentale (2,80m Ht x 8m L x 2m l), tapis et portière qui sont des productions traditionnelles de tapisseries d’ameublement d’Aubusson.
Alexandre Moronnoz & Julie Costaz, 2e Prix – Appel à création contemporaine 2012
Alexandre Morronoz et Julie Costaz ont présenté, pour l’édition 2012 de l’appel à création de la Cité de la tapisserie, sur le thème "Mobilier design en Aubusson", un projet de bibliothèque monumentale intitulé Stock Exchange dont le motif représente les écrans de la bourse de New York. Dimensions du projet : 505,5 cm l. x 200 cm ht x 27,5 cm prof.
Le projet s’inscrit en cohérence avec les recherches d’Alexandre Moronnoz : son travail s’articule autour d’une réflexion sur les enjeux pratiques des objets et sur l’appropriation des espaces publics et partagés par les usagers. Ainsi, la tapisserie qui recouvre la bibliothèque est pensée comme un espace continu, sans interruption de motif. Dans la structure faite de métal et de bois sont insérés des casiers pour créer des espaces de rangement.
Le projet repose sur 30 nuances de couleurs, dont 6 pures. Les typographies sont blanches. Un important travail de réflexion sur la technique de tissage a été mené par Julie Costaz, designer spécialiste du textile : le tissage devrait s’effectuer dans le sens de la longueur et certaines parties seraient volontairement non tissées pour obtenir des ajours correspondant à l’emplacement des casiers de la bibliothèque.
Né en 1977, Alexandre Moronnoz est normalien. Il a ensuite étudié à l’École Nationale Supérieure de Création Industrielle (ENSCI-Les Ateliers) à Paris. En 2009, il a reçu le Grand Prix de la Ville de Paris, section design, pour son projet CCC. Julie Costaz est née en 1981. Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art de Nancy en 2006, elle s’est ensuite spécialisée dans le design textile à l’ENSCI-Les Ateliers à Paris.
Création – Bina Baitel, architecte designer française née en 1977, vit et travaille en France (Paris). Tissage – Atelier Françoise Vernaudon, Nouzerines (Creuse) 2013-2014 Meubles – La Fabrique, Lyon Montage de la tapisserie sur les meubles – Ateliers Charles Jouffre, Lyon Tapisserie de basse lisse, chaîne coton, trame en laine (présence ponctuelle de nylon). Couleurs : 33 couleurs, teinture Thierry Roger, Aubusson (teinture chimique) Dimensions : 7 m² Meubles en chêne
Entre art, design et architecture, « Bina Baitel cultive les expérimentations pour transformer des concepts en objets et en espaces. (…) La designer interroge nos relations et interactions avec les objets qui nous entourent. Elle explore leurs codes communs pour proposer des concepts aux inspirations fortes dans lesquels se confrontent usages et allégories » (Studio Baitel).
Bina Baitel a travaillé sur une déclinaison d’objets évoquant des coulures de matériaux tels que le cuir ou le miroir. Sa tapisserie s’inscrit dans cette même idée faisant s’écouler de deux meubles un lac tissé. Ce micro-paysage renvoie ici aux verdures anciennes d’Aubusson des XVIIe et XVIIIe siècles et aux nombreux étangs identitaires des paysages de Creuse. Le motif évoque une carte topographique. La designer a pensé le tapis comme un lieu, un espace de vie, se référant à un usage oriental du tapis pour s’assoir et partager un moment de convivialité
Création – Diane de Bournazel, peintre et illustratrice née en 1956, vit et travaille en France (Corrèze, entre Brive et Tulle). Tissage – Atelier A2, Aubusson Tapisserie de basse lisse, chaîne coton, trame en laine Dimensions : 180 cm ht x 31,5 cm
Diane de Bournazel est peintre et illustratrice, elle travaille le plus souvent à petite échelle avec la production d’œuvres enluminées, des travaux d’illustration en édition jeunesse et la réalisation de livres d’artistes uniques et précieux. Son univers est poétique, intimiste et feutré, inspiré de cultures et d’art primitif, orientaliste ou précolombien.
La tapisserie Bordure des bois est une extension de format qui rend hommage aux traditionnelles bordures des tapisseries anciennes, riches en détails et motifs étagés, souvent oubliées au profit de la représentation centrale de la tapisserie. Ce zoom sur une bordure des bois ouvre sur d’autres bordures encloisonnant différentes scènes, elles-mêmes petits sujets de tapisseries.
Le passage de l’enluminure et de l’illustration à la tapisserie est le plus souvent heureux et aisé, à Aubusson, il s’est historiquement fait avec les verdures à feuilles de choux du XVIe siècle, plus tard avec un artiste à l’origine enlumineur tel que Dom Robert au XXe siècle et avec les illustrations de Tolkien au XXIe siècle.
La famille dans la joyeuse verdure, Leo Chiachio et Daniel Giannone
2e Prix – Appel à création contemporaine 2013
Création – Léo Chiachio, artiste argentin né en 1969, vit et travaille en Argentine (Buenos Aires) et Daniel Giannone, artiste argentin né en 1964, vit et travaille en Argentine. Tissage – Atelier A2, Aubusson Tapisserie de basse lisse, chaîne coton, trame en laine Dimensions : 3m ht x 5m
Léo Chiachio et Daniel Giannone sont un couple d’artistes, inspirés par leur vie commune qu’ils illustrent dans des œuvres textiles brodées colorées et sophistiquées, à la fois baroques, kitchs et populaires. Eux-mêmes brodeurs, leur notoriété est importante en Amérique du sud. De nombreuses œuvres ont même été offertes à leur chien Piolin qui est de fait propriétaire d’un musée, le Mupi Museo Piolin.
Cette tapisserie jubilatoire est inspirée de l’imaginaire latino-américain, notamment guarani, de la forêt et empreint d’un réalisme magique à la manière des œuvres littéraires de l’Argentin Julio Cortazar ou du Colombien Gabriel Garcia Marquez.
Comme souvent dans leurs travaux, les deux artistes se représentent au centre, ici avec des masques et des plumes d’inspiration guaranie et accompagnés de leur chien Piolin, leur modèle de la famille. La nature apparaît exubérante, foisonnante de vie et décorée de bijoux, ce qui est pour les artistes un moyen de souligner à quel point il est essentiel de la protéger. L’œuvre s’inscrit pleinement dans la tradition et l’histoire des verdures d’Aubusson.
Création – Goliath Dyèvre, designer français né en 1980, vit et travaille en France (Paris) et Quentin Vaulot, designer français né en 1983, vit et travaille en France. Tissage – Atelier de la lune, Aubusson Porcelaine – Atelier Charty Bonneau, Saint Maurice, La Souterraine Tapisserie de basse lisse, chaîne coton, trame en laine Dimensions – chaque pièce 1,80 m ht x 7,20 m l Porcelaine de Limoges Couleurs : teinture Thierry Roger, Aubusson
Tous deux designers, Quentin Vaulot et Goliath Dyèvre ont ici proposé une fiction : un savant fou s’est laissé enfermer dans le musée et a prélevé des fragments de verdures anciennes du XVIe et XVIIIe siècles. Il a travaillé dans un laboratoire secret sur des protocoles de manipulation génétique visant à générer des verdures plus résistantes aux problématiques climatiques contemporaines.
Cinq tapisseries illustrent cinq protocoles expérimentaux permettant de revivifier les couleurs anciennes pour leur donner un nouvel éclat. Des outils de laboratoire en porcelaine sont dédiés aux protocoles qui consistent, de gauche à droite, en 1. l’isolation, 2. l’injection, 3. le croisement, 4. l’exposition lumineuse et 5. l’exposition sonore.
Symboliquement il est ici question de réinjecter de la vie à la tapisserie d’Aubusson, passer outre les aléas du temps qui affadissent les œuvres, une mission impossible. C’est recomposer de nouvelles verdures en scientifisant leur existence ancienne et en leur assurant une nouvelle vie dans un monde moderne et technologique où l’homme saurait préserver une nature en souffrance.